- A toute ! Tu lances à Nella, une de tes collègues, en quittant le local où vous venez de passer la nuit à travailler. Un stupide bug informatique à eu raison d'un dossier entier de croquis que vous aviez fait pour une présentation prévue pour le lendemain. Vous venez donc de passer la nuit à essayer de tout refaire. Il est 10H quand tu sors enfin le nez de ton logiciel de dessin, pour t'autoriser une pause. Tes yeux et ton corps tout entier crient "café". Heureusement, le Coffe-O-Logy ne se trouve pas très loin de là. Tes boots noires heurtent donc mollement l'asphalte, alors que tu te traîne jusqu'au café, désespérément en quête de caféine. Le café est étrangement blindé à cette heure-ci, ce qui te tire un profond soupire. Tu jettes un coup d'oeil à la personne se trouvant derrière le comptoir, espérant que ce soit ton amie Sasha et qu'elle pourrait te servir plus rapidement. Malheureusement pour toi, c'est sa patronne qui est là aujourd'hui : tu dois donc faire toute la queue. Tu cligne difficilement des yeux, alors que tu attache tes cheveux en un chignon haut un brin négligé mais qui te va très bien, avant de croiser tes bras sur ta poitrine et de prendre ton mal en patience. A bien y réfléchir, tu as un petit creux aussi et il doit en être de même pour Nella. Tu jettes donc un coup d'oeil aux pâtisseries joliment posées dans le présentoir, alors que ton esprit revient déjà sur tes croquis. Les voix autour de toi, tu ne les remarque même pas et les diverses conversations sont plus comme un bourdonnement lointain.
Quand arrive ton tour, tu commande donc deux grands cafés noirs et une douzaine de muffins pour Nella et toi, et tous ceux qui pourraient en avoir envie. Une fois servie, tu règle ta commande et te décale un peu dans le coin des "toppings" et blinde ton café de sucre vanillé et de crème, avant de prendre quelques dosettes de crème que tu compte amener à Nella, ne sachant toujours pas comment elle aime son café...elle te l'a déjà dit des milliers de fois, c'est vrai, mais tu ne retiens ce genre d'infos que quand elles concernent les hommes qui te plaisent, aller savoir pourquoi ! Tu cales la boite de muffin sous ton bras gauche et prends tes cafés posés sur leur présentoir en carton de la main gauche, avant de te retourner direction : la sortie. Malheureusement, il semblerait que ton radar de recul soit en panne (avec une nuit blanche dans les pattes, ce n'est pas surprenant), car tu percute brusquement un homme qui se trouvait non loin de toi et renverse simplement le contenu de tes deux gobelet en carton sur lui, sur toi et sur le sol. Tu pousses un cri de surprise en sentant le liquide brûlant se répandre sur tes vêtements, avant de pester en français, comme tu le fais à chaque fois que tu ne te contrôles plus vraiment
- Bon sang c'est pas vrai ça ! Tu pose tes muffins sur la table d'à côté, avant d'attraper ton t-shirt beige du bout des doigts et de tenter de le décoller de ton ventre en grimaçant légèrement. Pour la première fois, tu lèves les yeux vers la personne dans laquelle tu viens de rentrer, sincèrement désolée I'm so sorry ! tu lâches, alors que ton chignon se défait et que tes cheveux tombent de part et d'autre de ton visage...tu avais bien besoin de ça ! Alors que ton regard s'attarde sur le visage de ton interlocuteur, tu es surprise : il te dit quelque chose. Tu scannes rapidement ta mémoire en quête d'une réponse, quand il ouvre la bouche pour te répondre.
Ton portable sonne et te voilà obligé de sortir ta tête de dessous les draps. Comment as-tu fait pour te retrouver dans cette position ? Ne cherchant pas à trouver une quelconque réponse, tu décroches ton téléphone pour dire « Allô ? » d’une voix encore ensommeillée. Une voix féminine, c’est-à-dire très aigüe amplifiée par une grande jovialité, t’explose les tympans. Bien qu’elle soit lancée dans un récit précipité, tu la coupes soudainement. « Putain, mais t’as vu l’heure qu’il est ? Je pouvais dormir encore au moins une heure ! Surtout que j’ai un exam à plancher donc aujourd’hui je pourrais pas venir. » la recales-tu. Malgré tout, comme si le message empreint de fatigue n’était pas passé, la jeune femme reste avec toi au téléphone encore un bon quart d’heure. Rien de tel pour t’obliger à te lever. Tu n'as plus qu'à te préparer vite fait et à prendre tes affaires de cours pour aller réviser au calme. Si tu restes ici, tu risques d'être interrompu par une visite impromptue ou d'être tenté de faire une pause pour jouer à ta nouvelle console.
Tu ne vas pas souvent au Coffee-O-Logy. En fait, toi et tes amis n'avez pas vraiment l'habitude de traîner dans le quartier historique de la ville. C'est pour cette raison que tu te trouves intelligent : ici tu as peu de chance de rencontrer un bon ami et de faire autre chose que de réviser. En entrant tu t'installes à une table et commande un grand café avec de la mousse au lait ainsi que quelques muffins, car rien ne vaut la compagnie du sucre pour soutenir un étudiant qui tente vainement de s'instruire.
Tu es là depuis une bonne heure, bien que ça te semble faire une éternité maintenant. Tout se passe pour le mieux vu le mal de crâne que tu as à cause de toutes ces fiches de cours qui sont sur le point de te rendre dingue. Il est peut-être temps de t'accorder une pause, ne serait-ce que pour aller commander un nouveau café. Donc tu te lèves, laissant tes notes en plan pour rejoindre le comptoir. C'est sans compter sur la fille aux bras chargés qui voulait au contraire rejoindre la sortie. Ses deux cafés se renversent sur elle et toi, parce que la chance a décidée d'aller voir ailleurs pour cette fois. Tu lâches un grognement, parce que ce café était vachement chaud. Tu as plus de contrôle que la petite maladroite puisque celle-ci se met à crier « Bon sang c'est pas vrai ça ! » dans une langue étrangère que tu connais bien. Ne prêtant plus attention au liquide qui a trempé ta chemise, tu lèves les yeux vers son visage. Une française. Pour qu’elle dise cela aussi spontanément, c’est qu’elle est originaire de ce beau pays européen. « I’m so sorry ! » te dit-elle en te regardant enfin dans les yeux. Tu lui souris et répond dans sa langue « Aucun problème. » comme si tu revenais tout juste de ton voyage en France. « Je peux faire quelque chose peut-être ? Te payer un autre café ? » ajoutes-tu alors que ses cheveux se détachent pour tomber en cascade sur ses épaules. C’est le déclic. Tu la reconnais aussitôt. Mais tu caches ta surprise, tu dissimule tout ce qui se passe dans ta tête et fais comme si tu la rencontrais pour la première fois. Pourquoi ? Aucune idée …
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